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Il n'est pas de montagne plus haute que les marches de l'oubli

Au secours d'Hélène...

Dans un article précédent, je vous parlais d'un pélerinage catholique à Popenguine, Hélène et moi faisions partie de la bande de joyeux lurons, tous du même quartier, j'ai rencontré Hélène pour la première fois en 2014 chez Yvon, elle y tient une petite boutique à deux pas.

Entre nous, l'amitié et le respect mutuel ont fait place à l'amour, Hélène est comme une grande sœur, depuis le départ de son copain Français, elle vit seule dans le quartier de Dar ES Salou. Ses moyens financiers sont très réduits mais elle s'acharne à joindre les deux bouts par la vente de ses produits.

Le loyer de sa boutique est de 35.000CFA par mois (une cinquantaine d'euros) en fait et je m'en suis aperçu dernièrement, elle partage une chambre avec une amie (20.000CFA mensuel à 2 : 15 euros par personne...

 

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 Il y a cinq jours, Hélène me demande de passer à la boutique, je la trouve couchée à même le sol sur une paillasse, elle me dit être malade, elle a de la fièvre.

Nous étions mercredi,... nous voici dimanche

Elle me demande d'aller lui chercher 1 hamburger à la R.D.C...non loin de là, elle mange, je pense à une maladie bénigne.

Le lendemain jeudi, l'état ne s'est pas amélioré, par téléphone elle me dit rester dans sa chambre de Dar Es Salou que je ne connais pas. Elle se plaint de violents maux de tête, le vendredi, je me décide à la trouver chez elle, avec l'aide de Mamadou, nous prenons un taxi en direction de Saly-Dar Es Salou (un quartier perdu dans la grande banlieue noire et insécurisé le soir) on nous indique la maison du chef de village comme repère, facile, elle est surmontée du drapeau sénégalais, avec moi, une flopée de médicaments de toutes sortes, paracétamol -anti-constipation- anti diarrhée- aspirine-maux d'estomac-...

Un peu plus loin sur la piste de sable, une jeune femme nous fait signe de la main, nous entrons et découvrons Hélène, étendue sur son lit, très affaiblie, très fièvreuse

de suite prise de deux comprimées de paracétamol, conseil de boire beaucoup d'eau, elle est sans force, anémique, me dit avoir mal dans tout son corps, il faut attendre la chute de la fièvre qui se produit assez vite, mais la fièvre n'et que l'indication de la maladie, de quoi souffre-t-elle? Je m'inquiète de plus en plus évitant de lui transmettre ma sollicitude: il faut attendre jusqu'à demain pour suivre l'évolution. Le portable sonne sans cesse chez moi.

 

Le samedi, j'ai promis à Hélène de passer chez elle, j'en connais le trajet à quelque 500 mètres de chez Yvon par la grande piste de sable à pied, sac au dos

La dégradation de son état est manifeste: Hélène a de moins en moins de forces, elle mange à peine, communique son mal être de sa voix fluette... J'apprends qu'elle remets sans cesse: la grippe??  Je dois faire vite! le temps se réduit peu à peu

Je décide de voir une copine pharmacienne à Saly pour approcher le diagnostic : en chemin, je rencontre la voisine de sa boutique qui elle aussi tient un petit salon de massage, cela est très fréquent ici et il n'y a aucune déviance sexuelle! Elle me dit de la conduire chez les sœurs des environs à Gandigal, me donne le numéro d'un taxi voisin, demi tour : chambre d'Hélène, le taxi est appelé, Hélène comme tous les africaines, craint l'hospitalisation et les piqûres, une enfant de 20 ans!

 

En route vers cet hôpital de fortune tenu par des sœurs catholiques, tout est à mes frais, s'il y a hospitalisation, c'est sera aussi pour moi, tant pis, il s'agit de sauver une jeune femme en détresse, nous arrivons devant une grande porte de fer, nous sommes samedi, pas de chance, ce jour est réservé aux accouchements, pas de médecin généraliste. Il faut activer tous les réflexes. Nouvelles direction, hôpital de M'Bour, en chemin, je fis arrêter le taxi devant une pharmacie, je décris les symptômes d'Hélène, la pharmacienne demande à la voir, pas de problème elle est dans la voiture: le diagnostic est précis, pas de rhume, pas de maux de gorge, maux de tête, vomissements jaunes, état anémique: il s'agit d'une crise de paludisme, les médicaments sont prescrits: aspirine-anti-nausée-anti-paludisme-vitamines

11.000CFA (16 euros) Nous sommes sur la bonne voie.

Ma responsabilité est entière, il ne faut surtout pas se tromper de diagnostic s'il y avait complication par erreur de ma part...

 

Retour à la maison ou plutôt chez une autre amie que je connais également (Popenguine) Prise immédiate de médicaments, explication de prises journalière, inscription sur chaque boîte, le soir, rentré chez moi, je me soucie de son état qui reste stationnaire mais j'ai bien conscience que non soignée à temps, Hélène peut perdre la vie! Je croise les doigts, je le reverrai ce dimanche matin, sans amélioration, ce sera l'hôpital lundi!

 

Le paludisme ou malaria

 

Cette maladie endémique est très répandue dans le monde et surtout en Afrique noire: elle est provoquée par un virus transporté par un moustique femelle infecté d'une personne déjà atteinte vers une personne saine. L'incubation va de 7 à 14 jours, les premiers symtômes se détectent quand les organes sont atteints (globules rouges - foie - pancréas - cerveau...)

les enfants sont les plus vulnérables, on dénombre le décès d'un enfant toute les 30 secondes dans le monde...(500.000 décès en 2013

Il n'existe encore aucun vaccin pour se prémunir de cette maladie mortelle. Le seul moyen est l'artemicinine qui est une association médicamentale.

Non traité dans les vingt-quatre heures, la maladie peut évoluer vers le stade mortel

Les seuls moyens actuels sont la prise de quinine qui apportent une certaine immunité passagère, les femmes enceintes, les personnes âgées, les H.I.V.,  les migrants et les touristes : toutes les personnes faibles sont très vulnérables.

L'autre arme est de se protéger contre les moustiques qui deviennent de plus en plus résistants à la vaporisation de bombes et aérosols

 www.kizoa.com_p1110643.jpgJ'ai pris les chemins de sable pour voir Hélène, j'ai endossé mes baskets de toile, la chaleur de midi est suffocante en Afrique, on transpire "comme des bœufs"

Première halte, là où je l'ai déposée hier soir chez une copine 'Marianne' elle n'est pas là, crépitement de mon portable: elle est chez elle, je sais où la trouver, encore 1 km de piste de sable, les parcourant, je me souviens très bien de mon enfance m'enfonçant dans les congères de neige dans le Condroz profond!

 

J'entre après avoir délacé mes baskets, Hélène est assise sur le coin de son lit de fortune, elle semble progresser dans sa lutte contre le paludisme, vrai, sa fièvre est tombée, elle se bat, se livre, s'émotionne à ma venue... la joie intérieure s'approfondit, se transmets, revient comme un bomerang

 

La bataille contre le paludisme est gagnée! Hélène revient à la surface de ses esprits, elle est une femme nouvelle: l'insomnie de ma nuit passée s'évade dans les brumes de mes cauchemars : HELENE EST SAUVEE, c'est une sacrée joie intense qui m'envahit.

 

Mise au point de ses prises de médicaments, la bagarre n'a pas de fin, il faut lutter jusqu'au bout de l'épreuve, il faut vaincre tous les soubresauts du paludisme!!

 

Demain matin, l'hôpital de M'Bour sera un mirage, une illusion Tout est consommé, je peux rentrer le cœur et la conscience en paix avec moi-même!



14/06/2015
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