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Il n'est pas de montagne plus haute que les marches de l'oubli

"Chez Marie" place des Bougainvilliers rencontre avec Aïcha

Il y a ICI des pages et des pages à coucher sur papier chiffon...

 

Ce soir, comme à l'habitude, j'ai reconduit El Hadji qui s'en va chaque jour rejoindre sa maman et sa grande faille en taxi collectif en face de Plein-Sud, puis suis allé "Chez Marie", le bistrot des blancs place des Bougainvilliers, à quelques 600 mètres de la résidence

 

La route goudronnée qui mène "Chez Marie" est bordée de petites boutiques et d'un large trottoir, "Marie" se trouve un peu avant le grand rond-point de Saly à côté du luxueux Casino.

 

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Ce bistrot taverne-restaurant est le rendez-vous incontournable des touristes blancs qui viennent prendre un verre (Gazelle, planteur, café...ou prendre un repas-menu à 4000 CFA (6 euros)

 

On y rencontre beaucoup de couples mixtes, quelques blancs qui vivent ici "à l'année", le soir quelques beautés en mal d'amour, parfois des copains noirs friqués les accompagnent...

 

Comme moi, certains, célibataires pour la plupart viennent y lire le journal à disposition (Le Figaro) édition de l'avant-veille oblige.

 

La grande terrasse est tout-à-fait ombragée par les bougainvilliers qui forment comme une pluie de fleurs roses et jaunes au-dessus de nos têtes.

 

J'y vais souvent seul, tranquille me rafraîchir d'une "Gazelle' de 63cl pour 1000 CFA et évidemment lire le journal. A force d'habitude, les habitués se connaissent et fraternisent.

 

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C'est le seul bar blanc que je fréquente, ll y en a des dizaines d'autres dans la ville. Je n'aime pas la mentalité des ces français, touristes pour la plupart, qui se comportent en néo-coloniaux, ceux là sont blancs et la couleur de leur peau leur donne l'illusoire illusion de leur supériorité sur les autochtones. Quelques uns parfois abandonnent leur peau pour tendre vers un début de fraternité. Il en est tout-à-fait autrement des blancs qui vivent ici à l'année sauf encore quelques uns "qui s'y croient" toujours...

 

Marie est une dame coquette, la soixantaine bien faite, bordelaise d'origine, elle est très affable et tient son établissement de main de maître.

 

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Ce soir, Aïcha vient me saluer, je l'invite à ma table, je connais Aïcha depuis des années,

sa route de vie est tragique, elle était jolie, mariée "sénégalaisement" à un blanc friqué qui l'aimait,

 Parti retrouver son épouse cachée en France, il la quitta et ne revint plus,

Aïcha se retrouva seule,

elle but sa solitude et sa nouvelle pauvreté, elle se drogua et s'enlaidit,

elle perdit sa maison puis alla de chambre en chambrette, en abris de tôles,

donna son corps pour quelques sous qui lui donnèrent juste de quoi manger,

je l'aidai souvent pour manger à sa fin,

le séjour dernier, je l'ai croisée le baluchon sur la tête dormant sous la lune...

elle m'a toujours été reconnaissante de ma mince générosité...

chaque fois que je la rencontre, je suis saisi d'une tendresse paternelle:

"où en es-tu?" "ça va mieux?" "as-tu une chambre?"..."tu as mangé?"

Ce soir contrairement aux rencontres précédentes, Aïcha est parée de beaux vêtements,

je soupçonne qu'elle y va de plus belle dans la prostitution..

Non, et je la crois, des amies lui ont offert ces habits de fortune qui éclairent ses grands yeux.

Comme beaucoup d'entre elles ici,

Aïcha cherche du travail sans tomber sur des toubabs exploiteurs de sa sueur et de son corps meurtri...

 

La nuit est tombée, il est temps de rentrer à pied sans la moindre ombre de la peur, tranquille pour une nuit paisible à Plein-Sud.

 

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Demain, le soleil sera là, vers les onze heures, la longue silhouette d'El Hadji se profilera...

 

 

 

 

 

 



28/05/2017
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