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Il n'est pas de montagne plus haute que les marches de l'oubli

La mort de mon village d'Afrique

 

 LE TOUT PETIT VILLAGE DE NOTRE PETITE BELGIQUE....

 

 Ah, notre petit village de Sorinne la Longue, nous y revenons toujours, il est toutes les racines de notre enfance, de notre adolescence et de notre prime jeunesse.

 

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Nous y vécûmes au rythme de ses anciens qui venaient des générations précédentes, elles nous ont tout appris, mieux que tous les profs qui ont forgé toutes nos connaissances.

 

Notre beau village, il est disparu... quand nous y pointons le bout du nez, TOUS ces anciens sont disparus de notre vue mais ils restent chacun dans nos souvenirs les plus précieux.

 

OUI, ils nous ont tout appris, l'amour des hommes, la solidarité des humbles, le rejet des biens matériels, la fierté de leurs enfants, quelque part, ils nous ont transmis le sens de LA VIE qui est le souci des autres.

 

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Mais qu'est ce que j'aime me promener dans son beau cimetière où je les revois tous, allongés pour l'éternité, tous ces gens qui ont façonné ce que nous sommes, ce que nous rêvions d'être pour transmettre aux générations nouvelles ce qu'ils nous ont apporté...

 

Il y a en nous comme un respect sacré que nous leur devons. Et finalement, ils ne se sont pas endormis, ils vivent en nous...

 

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La mort de mon village d'Afrique

 

Aujourd'hui tout le monde aspire à la modernité, qui est une source de confort et d'aisance. ICI,la modernité rythme avec un emploi rémunéré(salaire) , vie en ville (maison en dur avec tout ce qui l'accompagne), un habillement occidental, même dans le domaine médical, on pense que les guérisseurs traditionnels, détenteurs de la science des plantes, ne sont que des féticheurs,charlatans, vendeurs d'illusion....

 

La modernité rythme avec renoncement, rupture d'avec ce qui se faisait sans prendre le temps de juger de la pertinence des attitudes, des habitudes et moeurs nouvelles que les africains adoptent sans discernement.

 

La modernité s'accompagne d'un bien-être : le puits est remplacé par le forage (robinet, chasse d'eau), le mortier par la machine (meule), le bois de cuisine par le gaz butane ou la cuisinière micro-ondes, la calebasse par le bol ou ustensiles en matières plus solides (ici, on ne mange plus comme avant avec la main sauf chez mes peuls de Khonkhoma...)

La natte à osier ou les troncs d'arbre sont supplantés par les bancs, puis la chaise ou le fauteuil, les scandales en peau de bête par des "chaussures fermées"

En cosmétiques, le beurre de lait est remplacé par des produits plus modernes venus d'Europe, le feu de bois par la lampe à pétrole, puis par la torche à batterie et par la suite par l'électricité.

 

TOUT CHANGE AUTOUR DE L'AFRICAIN, TOUT CHANGE EN LUI

 

Ici la civilisation paysanne disparaît petit à petit au contact du modernisme. Le village est en agonie.

Tous les villageois aspirent à une vie meilleure que le village ne peut plus donner.

Au contact de la ville, le village s'urbanise, tous veulent de l'électricité, des robinets, des écoles, des hôpitaux, des routes goudronnées, du travail. Chacun nourrit cette aspiration légitime.

 

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Vivre en ville est un signe de réussite, de bonheur. Le citadin est la référence chantée par les campagnards. Dès qu'on quitte le village, on s'imagine que le statut social change, le citadin devient le salarié qui dispose d'argent qui lui permet de faire du commerce, avec un pouvoir d'achat plus important, il peut acquérir des biens venant de la ville qui l'attire.

 

Mais tous ne peuvent aller en ville alors ils transforment leur village en ville.

 

En quittant le village, tout change dans les rapports entre personnes: au village, tout le monde connaît tout le monde puisqu'en principe, tous sont parents. Chaque adulte se sent responsable de toute la communauté qu'il se doit de protéger, de sauvegarder. Tous veillent sur les enfants sans distinction de famille. C'est une obligation morale et sociale. 

 

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Dans les villages africains,

on naît ensemble, on vit ensemble, on meurt ensemble...

 

 Alors qu'en ville, c'est le règne de l'anonymat, où les habitants, même voisins, ne se connaissent pas, ils ignorent leur origine, leur lignée, leurs ancêtres, ils s'enferment dans des maisons closes et n'ont pas de lieux de rencontre pour se connaître.

Personne n'est prêt à se sacrifier pour aider ou sauver son voisin... et pourtant, plus tard quand les jeunes deviendront adultes, ils feront la promotion des valeurs qui ont bercé leur village d'enfance.

 

Vivre en ville demande beaucoup de sacrifices : tout s'achète. Même le respect se paie en pièces de monnaie ou en biens. On doit acheter une maison, l'entretenir, payer l'électricité, l'eau, l'impôt...

Avoir beaucoup d'enfants à nourrir , à scolariser est un fardeau de plus en plus difficile à porter. Par conséquent, la ville entraîne la diminution du nombre d'enfants qui ne sont plus une main d'oeuvre pour aider dans les travaux agraires. (champs et troupeaux)

 

En Afrique, l'urbanisation sera proportionnelle

à la baisse de la natalité de ses populations.

 

Vivre en ville implique le manque de liberté, car la plupart des citadins salariés travaillent pour une autre personne.

 

Au village, chacun travaille pour soi et pour tous les autres. Je pense que l'urbanisation de l'Afrique entraînera la fin de l'agriculture et de l'élevage qui nourrissent les citadins, je pense donc que les villages ne doivent pas disparaître sinon on va assister à la fin des terres cultivables: ce sera la ruée folle autour de l'accaparement des terres au seul profit de l'urbanisation galopante.

 

L'inflation du foncier fera que beaucoup de paysans braderont leurs champs à des promoteurs immobiliers. Les champs hérités de génération en génération comme un patrimoine familial seront devenus un moyen de business des riches qui arracheront les terres, la seule richesse et source de pains des pauvres paysans. 

 

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L'agriculture familiale qui nourrissait les paysans disparaîtra et entraînera la paupérisation croissante des masses paysannes qui seront fascinées  par le mirage des villes, pour faire face à la misère et au dénuement. Si les villageois vendent leurs terres que leur restera-t-il?  Certains auront du mal à acquérir une parcelle même pour enterrer leurs morts. 

 

 

L'Afrique du XXIème siècle connaîtra la faim... 

 

 

La mort du village sera le début d'une nouvelle ère

où de nouvelles manières de vivre

 obligeront les adultes de demain

à réapprendre à marcher, à manger, à parler,

à travailler et à éduquer leurs enfants

 

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à Louis Richardeau, mon ami de toujours,

 

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Mon tout petit village

 

s'éteint tout doucement,

 

dans l'ombre,sans tapage,

 

chaque jour, lentement.

 

 

 

La pluie, le vent, l'orage,

 

le laissent indifférent

 

je l'aime davantage

 

le voyant frissonnant.

 

 

 

Peu importe son âge,

 

il est tout vieillissant

 

n'ayant plus l'avantage

 

d'avoir beaucoup d'enfants.

 

 

 

Je l'aime davantage

 

sous son grand manteau blanc,

 

me donnant le courage

 

d'affronter ces tourments.

 

 

 

Son ruisseau sous l'ombrage

 

galope en cascadant,

 

délicieux breuvage

 

à l'oiseau virevoltant.

 

 

 

Belle et douce campagne,

 

je t'aime tellement

 

je t'aime mon village,

 

tu restes le plus grand.

 

(Madame Paponneau,poétesse, Montignac de Lauzun, France)

 

 

 Chiffres démographiques 2018

 

Dakar est la ville africaine qui a connu le plus grand développement de sa population de toutes les villes d'Afrique, elle rassemble sur son sol 3.63.000 habitants, soit presque le quart de la population sénégalaise sur 0.28% du territoire.(550 km2)

Sa pollution atmosphérique dépasse 7 fois le taux de pollution admis par les normes internationales...

Après la fête de la Korité, fin du ramadan, on ramassait à Dakar 3000 tonnes de déchets par jour...

Tokyo au Japon compte 37.730.064 d'habitants... mais les japonais ont maîtrisé l'humanisation de leurs villes...

 

 

 

 

 

 

 

 



21/06/2019
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